dimanche 10 mai 2009

Bordeaux et la mémoire de l'esclavage


Bordeaux, deuxième port négrier de France pendant environ 2 siècles, accueille la cérémonie de la journée nationale de commémoration de la traite des noirs. Une exposition permanente retraçant des chapitres de l'époque qui a permis le développement économique de la ville est inaugurée à cette occasion. Entre 1672 et 1837, Bordeaux fut le point de départ d'environ 500 expéditions maritimes qui transportèrent environ 130 000 esclaves d'Afrique aux Antilles. Selon les critiques, Bordeaux "regarde l'histoire en face sans pour autant faire acte de repentance". Ce n'est qu'en 1999 qu'une "politique de la juste mémoire" fut engagée par le maire de Bordeaux, Alain Juppée, en proposant une exposition temporaire sur l'esclavage. En 2006, un rapport a été commandé au comité de réflexion sur la traite des noirs à Bordeaux. Ces gestes de mémoire seraient destinés à inscrire dans la mémoire de Bordeaux sa relation avec l'esclavage".
L'association DiversCités qui a longtemps accusé la ville d'oublier une partie de son passé, est contente de "ce pas positif mais espère toujours l'édification à Bordeaux d'un mémorial de la traite des noirs.

Cet article pose la question du devoir de mémoire, question au cœur d'un des multiples débats actuels. En effet, dans quelles mesures doit-on se souvenir des horreurs du passé et doit-on se sentir coupable des actions commises par nos "ancêtres" ? Doit-on seulement se souvenir ou également reconnaître et se repentir ? Mais se souvenir n'est-ce pas déjà reconnaître les faits et se repentir quelque peu ? Toute action de la part des descendants des oppresseurs ne serait-elle pas vu du côté négatif de "l'action pour se donner bonne conscience ? C'est important de se poser des questions quant à notre comportement vis à vis de ces zones noires de l'histoire. Cependant, si on se demandait aussi ce qu'en pensent les descendants des opprimés ? Comment ils vivent cela quotidiennement. Y pensent-ils de façon inconsciente, consciente, seulement à certains moments ? Ces questions qui touchent des sujets du passé par rapport à la mémoire collective et privée, ont également un lien avec des sujets du présent et du futur. D'une part, car ces problèmes sont d'actualité et continueront de l'être pour un long moment, et d'autre part car elles rejoignent, selon moi, des questions que l'on peut se poser dans les relations entre "pays riches" et "pays en voie de développement". En effet, existe-t-il un devoir de les aider car ils ont soufferts par la faute des "pays riches" auparavant ? S'agit-il seulement d'entraide internationale ? Comment est perçue cette "aide ? Est-ce vraiment une aide efficace ou juste de la parlote? ... Je pense que ces questions sont intéressantes à se poser afin de trouver des réponses pour soi-même, mais je doute qu'il soit possible de trouver des réponses de "vérité générale" applicables à tous. Mais cela vaut le coup d'essayer et du moins de garder ce type de réflexion dans un coin de sa tête afin de ne pas oublier (le fameux devoir de mémoire!).
En dehors de cette question (sur laquelle je me suis peut être trop étendue), l'article parle également de la journée nationale de la traite des noirs. J'avoue ne pas en avoir entendu parler beaucoup. Cela devrait-il être plus médiatisé ?

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